Nous sommes ici. À la croisée des rues, à la croisée des flux. Au dessus de vos tetes, 145 000 mètres cube d'eaux venues de Rungis et du bassin de la Vanne migrent chaque jour vers la capitale dans les interminables tuyaux des aqueducs. D’habitude discrets et souterrains, les tuyaux surgissent ici de terre pour enjamber d’un pont une rivière et sa vallée.
Sous vos pieds, c’est la Bièvre ; vous la voyez maintenant ? Passée sous silence il y a plus d’un siècle, cette rivière millénaire à longtemps coulé librement, marquant profondément l'histoire, le paysage et l'identité des communes d’Arcueil et de Cachan. Même disparue, son esprit et sa silhouette hantent encore l’espace urbain et l’imagination des habitants.
Ah, si la Bièvre pouvait parler ! Elle vous raconterait les milliers d’années passés à courir les campagnes désertes, traçant patiemment son sillage au creux des plateaux, faconnant et arosant des prés et des coteaux couverts de vignes; elle vous conterait Lutèce, les premiers ponts et l’aqueduc qu’elle a vu s’élever ; les moulins et abbayes qui s’installèrent sur ses rives encore champêtres, et le sillage de parcs et châteaux qui leur ont succédé ; sans vous parler des poèmes exaltés d'un Pierre de Ronsard ou d'un Victor Hugo.
La suite plus tragique de son histoire vous la connaissez peut être, c’est le récit d’une urbanisation folle qui en a oublié l’importance de la nature dans la vie humaine, plongeant le cours de la Bièvre dans la disgrâce et l’ombre. Devenu au 19eme siècle un égout à ciel ouvert, elle est alors recouverte, effacée de la carte du nouveau Paris tracé par un certain Baron Haussmann. Mais tout c'est pas perdu. Car c'est c’est aujourd’hui aussi d’une volonté humaine que son cours revoit par endroits le jour, lui rendant sa place et sa valeur au sein des rues asphaltées.
Alors suivez sa trace, écoutez la parler, et laissez la vous faire imaginer une ville dans laquelle elle pourrait exister…